De Décembre 2010 à Avril 2011


Dans le monde footballistique, tous savent qu’entraîner n’est pas la tâche la plus facile. Elle est d’autant plus rude lorsqu’il s’agit d’entraîner des diablotins, ces jeunes qui ont entre 6 et 8 ans. A Hyon, club de la région montoise, les diablotins sont entre les mains de Pierre Dupont, à peine âgé de 22 ans. Mettre en place une discipline, faire évoluer des enfants ou encore prendre des cours pour se confirmer, voilà un métier qui fait grandir le ballon rond.


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A 22 ans, Pierre entraîne les diablotins
Photo: Nikita Imambajev
Depuis quand entraînez-vous ? Êtes-vous diplômé ?
Cela fait à peine deux ans que j’entraîne. J’ai arrêté le football à mes 16 ans dû à une grosse blessure. Je n’ai pas beaucoup d’expérience mais je compte suivre des cours d’entraîneur pour me perfectionner. Je suis encadré par mon grand frère, il m’aide à leur inculquer les valeurs du sport.
Comment faites-vous pour concentrer vos joueurs ?
Avant chaque entraînement, j’entame un discours pour leur expliquer les bases du respect concernant le football. Malgré mon jeune âge, j’ai appris beaucoup de choses. A 6 ans pour les plus jeunes, ils sont encore très peu concentrés et surtout peu ordonnés. Je passe mon temps à répéter les méthodes, simplement pour qu’ils les fassent comme il se doit.

Les parents ont-ils une influence sur vos jugements sportifs ?

Le plus dur à gérer, ce sont les parents. Tous veulent voir leur fils jouer ou devenir le nouveau Ronaldo. Ils me mettent la pression chaque semaine mais ce sont leurs enfants qui en souffrent le plus. A force de leur crier dessus, ils perdent les pédales.

« Le plus dur à gérer, ce sont les parents »

De quelle manière organisez-vous vos entraînements ?

Contrairement à beaucoup d’entraîneurs, je n’ai pas d’entraînement type. Selon moi, il faut varier de semaines en semaines. Mais il y a des choses dont on ne peut pas se passer. Toujours commencer par un échauffement avec ou sans ballon, un peu de physique et surtout opter pour de nombreux petits challenges.

Quels sont les objectifs recherchés avec une équipe de diablotins ?

Cela dépend de la politique du club, mais aussi du caractère de l’entraîneur. Moi, je suis un gagnant de nature mais à cet âge-là, il n’y a pas de classement. Les victoires et les défaites ne sont pas comptabilisées. Le seul but visé, c’est qu’ils évoluent et prennent du plaisir.

Les règles de jeux sont-elles identiques aux autres catégories ?

Les règles sont les mêmes pour tous, sauf que nous, entraîneurs de diablotins, pouvons être sur le terrain, au plus prés des joueurs. Les petits se disputent un match cinq contre cinq pendant une durée de 20 minutes.

                                            Propos recueillis par Imambajev Nikita


Être joueur de football professionnel et faire des études supérieures? Est-ce possible? Guillaume François nous a fait part de son expérience et de la double vie qu'il mène.




Vous jouez au Germinal Berschot Anvers et vous faites des études supérieures de comptabilité à Mouscron, comment vous organisez-vous ?

J'ai commencé ce baccalauréat lorsque je jouais au Royal Excelsior Mouscron. Tout était alors très simple car le stade, l'école et mon appartement se trouvaient dans la même ville. Il ne me fallait alors que quelques minutes pour aller d'un lieu à un autre. J'ai donc pu réussir correctement les deux premières années de mon bac. En ce qui concerne la dernière année, le football et les études sont devenus beaucoup plus difficile à concilier.
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Guillaume François: footballeur 
pro et étudiant
Photo: Mouad Salhi 
Pensez-vous qu'il est important qu'un footballeur professionnel fasse des études supérieures?
En effet, je pense que c'est très important d'essayer d'obtenir un diplôme. Sortir de la 'rétho' avec un diplôme est le strict minimum, tenter des études supérieures, c'est mieux! On voit trop souvent des joueurs qui par manque de chance, blessures ou encore faillite du club (ndlr: Royal Excelsior Mouscron)  se retrouvent sans rien à 20 ans. Maintenant, chacun fait le choix qui lui semble le plus bon. Cela dit, je ne cache pas que j'espère ne jamais devoir utiliser mon diplôme et continuer mon rêve footballistique. Mais je reste réaliste, très peu de joueurs vivent du football toute leur vie en ayant seulement une carrière en Belgique.

Avez-vous un horaire adapté en fonction de vos entrainements?
Non, chaque entraîneur me tient le même discours : j'ai le droit de tenter des études mais je dois, à leur yeux privilégier le football. Ce qui est logique car c'est mon métier! Cela dit, nous nous entrainons à 10h et 14h30 donc c'était facile de suivre les cours lorsque j'étais au club hurlu. Depuis que je suis à Anvers, j'essaie de me rendre une fois par semaine à l'école, le mercredi le plus souvent. Mais ce n'est pas facile du tout.
«  Ils m'encouragent à ne pas laisser tomber »
Que pensent les enseignants de votre train de vie mouvementé?
Ils sont compréhensibles, voire admiratifs par rapport à tout cela. Ils voient que je suis obstiné et apprécient le fait que je ne lâche pas les études même si je gagne bien ma vie. Ils m'encouragent à ne pas laisser tomber et se montrent disponible pour d'éventuelles questions, nous communiquons par mail.
Entre les entrainements et les cours, avez vous le temps de réviser?
Les soirées sont les seuls moments où j'ai du temps libre. A ce moment-là, ça devient une question de motivation comme les soirs de champion's league par exemple. (rires) Ce n'est pas toujours évident. Mais je ne me mets pas la pression, je vais essayer de réussir un maximum de matières cette année et s'il me faut une année supplémentaire pour obtenir ce diplôme, ça ne me posera aucun problème.

 Et les amis, le repos dans tout cela?
Pour les amis, ce n'est pas toujours évident. Mais la plupart du temps, c'est à Bruxelles que je les vois, d'autant plus que ma petite amie est à l'ULB. Pour le repos, on verra ça plus tard, je n'ai que 20 ans et j'aurai toute ma vie pour me reposer...

                                                                          Propos recueillis par Mouâd SALHI

Violence contre les hommes en noir

Qu’elle soit physique ou verbale, la violence envers les arbitres ne cesse de croître chaque week-end lors des rencontres footballistiques. Arbitre depuis deux ans, Renaud Tant raconte un fait passé qui le marque encore actuellement.

Que ce soit au niveau international, national, provincial, ou régional, exercer la profession d’arbitre n’est pas toujours une tâche aisée. En effet, seul lui est maître des décisions du jeu qui se déroulent pendant les matchs. Il arrive souvent que ses choix ne soient pas forcément les bons. Cela provoque une réaction des joueurs, les poussant à adopter des comportements inacceptables dans le milieu du sport. Homme en noir depuis deux ans, Renaud Tant a arbitré plusieurs rencontres qui ne se sont pas très bien déroulées. « J’ai arbitré mon premier match durant l’été 2008 dans la catégorie des pré-minimes et minimes. En 2009, je suis devenu arbitre provincial dans la catégorie des juniors et des réserves. C’est là que les problèmes ont commencé, si je puis dire ça ainsi. » C’est devenu une coutume que les arbitres soient au cœur des débats. Chaque semaine, ils sont épiés et ce dans les moindres détails. On constate cela grâce à la télévision qui permet de revenir sur des actions où les arbitres commettent des erreurs. Même si les siennes ne sont pas diffusées à la tv, cela ne l’empêche pas d’en faire et d’en être victime par la suite. « Je me souviens d’un match où un joueur est venu me voir directement à la fin de la rencontre pour exprimer son mécontentement par rapport à la sanction que j’avais donnée à son co-équipier. Sans même me laisser le temps de m’expliquer, il m’a adressé un coup de poing droit dans la mâchoire. Je suis resté inconscient quelques minutes. Il a fallu m’emmener à l’hôpital pour que je retrouve mes esprits. »

« Je suis resté inconscient quelques minutes. Il a fallu m’emmener à l’hôpital pour que je retrouve mes esprits. »

Humain avant tout

A partir du moment où les enjeux deviennent de plus en plus importants, la pression ne cesse d’augmenter tant du côté du corps arbitral que celui des joueurs. S’il y a une erreur, le premier concerné sera l’arbitre car il n’a pas le droit d’en commettre. La politique du football d’aujourd’hui ne tolère aucun flottement des hommes en noir. « L’erreur est humaine » déclare Renaud Tant face au micro. Il est plus facile de pardonner un joueur qui a commis une faute grave que de pardonner un arbitre. « J’ai l’impression qu’à certains moments, nous sommes considérés comme des extra-terrestres venus de je ne sais quelle planète. Les gens ne se mettent pas à notre place. De plus, une fois qu’on va l’encontre des joueurs, certains se croient sur un ring de boxe. Et s’ils n’en viennent pas aux mains c’est par la parole qu’ils nous maltraitent. » Selon l’Union Royale Belge de football, il est permis à l’arbitre de stopper un match si ce dernier a été victime de violence verbale à plusieurs reprises. « Certes, il y a beaucoup d’action mais jusqu’à présent je n’ai jamais eu à faire cela. » avoue le jeune arbitre, assis devant sa cheminée. Après avoir remis du bois dans le feu, sourire aux lèvres, il conclut : « sans arbitre, un match de foot n’aurait aucun sens! Imaginez une rencontre footballistique sans arbitre même si celui-ci est mauvais! »

                                                                                Glodi Mongu

Des filles au masculin

Marcher, courir, gagner, perdre, tant de choses qui paraissent, à la base, semblables chez l’homme et chez la femme. Toutefois, il existe des disciplines où les différences se font fortement remarquer, c’est le cas notamment du football. Depuis quelques années, le football féminin ne cesse de se développer mais il demeure pour la plupart des gens, comme un sport totalement masculin. Au club de Nimy-Maisières, dans la région montoise, tout semble si différent.

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Le football: un sport d'homme ?

Aux yeux de notre cher seigneur, hommes et femmes naissent libres et égaux en droit, n’est-ce pas ? Dès lors, il coule de source que chaque femme a le droit de choisir son hobby, ce sport qui lui ira comme un gant. Mais cela n’est pas de tout repos. Celles qui choisissent le football sont, pour la plupart du temps, attisées par des paroles devenues totalement stéréotypées. Pourtant, elles ne font qu’une chose, tout à l’image des hommes, courir après le ballon de la reconnaissance.

Nous vivons une époque où le football s’émancipe au travers des critiques. A la une, les salaires exceptionnels que reçoivent une quantité de joueurs masculins. Toutes ces polémiques ensemencées par l’effervescence médiatique que provoque l’évolution du ballon rond. L’état n’a pas le choix, il se sent obligé de suivre cette tendance et néglige quelque peu, les espoirs féminins.

Où sont les femmes ?

Dans nos régions, de plus en plus de filles se lancent à la conquête du milieu machiste qu’est le football. Mais, le constat est simple. Beaucoup de prétendantes mais si peu d’élues, car très peu de clubs féminins. Le niveau est faible et les moyens financiers invisibles. Alors il est intéressant de se demander si en Belgique, une femme peut réellement percer dans l’ombre des hommes.

Il ne faut en aucun cas se voiler la face, de grandes différences existent entre hommes et femmes. Rapidité dans le jeu, dureté dans les contacts, propreté et finition des actions collectives. Néanmoins, de nombreux points communs sont visibles. « Nous, femmes, ne bénéficions pas de salaires astronomiques, mais nous pouvons avoir, quelques fois, un jeu assez dure et spectaculaire à l’image des hommes. » nous confie Cassandra Romano, joueuse au club de Nimy-Maisières avant d’ajouter: « Il est sûr que le football féminin fait peu de bruit, qu’il est à la traîne par rapport à d’autres sports, que peu d’argent est mis à l’honneur mais nous avons autant de mérite qu’un homme. Si pas plus ».

Nimy-Maisières fait partie de ces clubs offrant une formation qui prône la mixité. « Des femmes mêlées entre elles, c’est quelques chose de fort. Chacune apporte sa petite touche d’homme et pourtant si vous saviez comment elles restent, dans des situations plus sérieuses, très féminines.» affirme Daniel Esposito, directeur technique. Dans ce club, la donne a totalement changé au fil des années. L’équipe masculine stagne, tandis que celle des femmes évolue. Actuellement en division 2 nationale, ces passionnées nous montrent que le football féminin n’est pas mort et qu’il fera encore partie pour un bon bout de temps du paysage footballistique.

                                                                              Mauro Riccobene